Alain Delon, l'un des plus grands acteurs du cinéma français, est décédé à l'âge de 88 ans, ont annoncé ses enfants à l'AFP ce dimanche 18 août 2024. Connu pour ses rôles emblématiques dans des films tels que La Piscine et Le Guépard, Delon a marqué de son empreinte l'industrie cinématographique, aussi bien en France qu'à l'étranger. Sa disparition clôt un chapitre majeur de l'histoire du cinéma européen.
Alain Delon : un parcours jalonné de passions, de succès et de controverses
Alain Delon, avec son regard perçant et son charisme indéniable, était une figure incontournable du cinéma. Affaibli par plusieurs accidents vasculaires cérébraux, il avait passé les dernières années de sa vie sous curatelle avant de s'éteindre le 18 août 2024 à l'âge de 88 ans. Au cours de sa carrière, qui s'étend sur plus de cinq décennies, Delon a participé à plus de 80 films, illuminant le cinéma français et européen de son talent, et recevant notamment la Palme d'or d'honneur au Festival de Cannes en 2019.
Loin d'être un simple acteur de premier plan, Delon a mené une vie aussi complexe que ses rôles à l'écran. Tantôt flic, tantôt voyou, ses choix de carrière audacieux, ses nombreuses histoires d'amour passionnées, et ses relations parfois controversées avec des figures du grand banditisme ou de l'extrême droite ont façonné une personnalité énigmatique et fascinante. Voici un retour sur la vie d'un homme qui est devenu une légende du cinéma presque "par accident".
Un début sous le signe du destin
Alain Delon fait ses premiers pas au cinéma en 1957, à l'âge de 23 ans, grâce à son physique avantageux qui attire l'attention de Michèle Cordoue, épouse du réalisateur Yves Allégret. C'est sur les conseils de sa femme, qui entretient une liaison avec Delon, qu'Allégret offre à ce dernier un petit rôle dans Quand la femme s'en mêle. Ce film marque aussi la première scène romantique de Delon sur grand écran.
Un peu plus tard, Delon fait la rencontre de Romy Schneider pour le film Christine. Leur première interaction est tout sauf cordiale : Schneider le trouve "trop beau, trop jeune, trop bien coiffé", tandis que Delon la juge "à vomir". Pourtant, cette rencontre marque le début d'une relation amoureuse emblématique qui durera cinq ans.
Le coup de pouce de Visconti
En 1960, Delon explose véritablement sur la scène internationale avec Plein Soleil, réalisé par René Clément. Sa performance impressionne le grand cinéaste italien Luchino Visconti, qui l'engage pour Rocco et ses frères puis Le Guépard en 1963. Ce dernier film, couronné par la Palme d'or, hisse définitivement Delon au rang des plus grandes stars du cinéma.
Le maître des films noirs
Les années 1960 et 1970 voient Delon devenir une icône des films noirs, incarnant des personnages complexes et souvent troubles, comme dans Le Samouraï de Jean-Pierre Melville. Ce rôle de tueur à gages solitaire marque une génération de réalisateurs, en particulier en Asie. C'est également durant cette période qu'il rencontre Mireille Darc, avec qui il partagera sa vie, à l'écran et en dehors, pendant quinze ans.
Le retour de Romy Schneider
En 1969, Alain Delon retrouve Romy Schneider dans le film La Piscine de Jacques Deray, un tournant pour l'actrice qui voit sa carrière relancée. Ce film, devenu un classique du cinéma français, est toutefois entaché par l'affaire Markovic la même année, où Delon est mêlé à une enquête criminelle avant que les accusations ne soient finalement abandonnées.
Des sommets et des chutes
Durant les années 1980, Delon diversifie ses activités en réalisant et produisant plusieurs films. Il remporte le César du meilleur acteur en 1985 pour Notre histoire de Bertrand Blier. Cependant, les années 1990 sont moins favorables, avec des échecs retentissants comme Le Jour et la Nuit en 1997. Malgré ces déboires, Delon reste une figure emblématique du cinéma.
Une légende reconnaissante
Malgré des choix de carrière parfois controversés, Alain Delon demeure une légende vivante, comme en témoigne son rôle dans Astérix aux Jeux olympiques en 2008, où il parodie avec humour le personnage de Jules César. Lorsqu'il reçoit la Palme d'or d'honneur à Cannes en 2019, il exprime toute sa gratitude envers le public : "Et paraît-il, je suis une star. Mais si je suis une star – et c'est pour ça que je veux vous remercier –, c'est au public que je le dois et à personne d'autre".